# 116 : poem of the month: J. Du Bellay
in OLD FRENCH:
Heureux qui, comme Vlyſſe, a fait un beau uoyage, Ou comme ceſtuy là qui conquit la toiſon, Et puis eſt retourné, plein d’uſage et raiſon, Viure entre ſes parents le reſte de son aage ! Quand reuoiray-ie, helas, de mon petit uillage Fumer la cheminee, et en quelle ſaiſon, Reuoiray-ie le clos de ma pauure maiſon, Qui m’eſt une province, et beaucoup d’auantage ? Plus me plaiſt le ſeiour qu’ont baſty mes ayeux, Que des palais Romains le front audacieux: Plus que le marbre dur me plaiſt l’ardoiſe fine, Plus mon Loyre Gaulois, que le Tybre Latin, Plus mon petit Lyré, que le mont Palatin, Et plus que l’air marin la doulceur Angeuine.
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in MODERN FRENCH:
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme celui-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d’usage et raison, Vivre entre ses parents le reste de son âge ! Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village Fumer la cheminée, et en quelle saison, Reverrai-je le clos de ma pauvre maison, Qui m’est une province, et beaucoup d’avantage ? Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux, Que des palais Romains le front audacieux, Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine, Plus mon Loire Gaulois, que le Tibre Latin, Plus mon petit Liré, que le mont Palatin, Et plus que l’air marin la douceur Angevine.
Joachim du Bellay, Les Regrets, sonnet XXXI, 1558.
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